La Légende des Lépreux de 1321

Bonjour à toutes et à tous,

Avertissement : cette légende est inspirée de faits très réels ayant eut lieu en 1321. J’avais dans l’idée de raconter la légende des lépreux à Cahors sous forme de roman noir, mais malheureusement c’est un événement tout à fait réel et tout à fait tragique.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je me permets de re-contextualiser les choses, c’est-à-dire de vous poser le décor de ce qui va suivre. Et tout commence avec une simple question : qu’est-ce qu’une léproserie ? On l’appelle aussi ladrerie, maladrerie. C’est un endroit où les lépreux peuvent être accompagnés dans la maladie. À Cahors, il existait deux léproseries : la première se trouvait dans le quartier Saint-Georges, au sud du pont Louis-Philippe et la seconde se trouvait au nord de la ville en dehors des murs de la cité médiévale, on la situe aux alentours du cimetière au nord de Cahors. Nous appellerons la première léproserie, celle dans le quartier Saint-Georges, la léproserie sud (LS) et celle proche du cimetière, la léproserie (LN). Les deux léproserie sont sous autorité différente : celle du nord est sous autorité religieuse de l’évêché tandis que celle du sud est sous autorité consulaire, c’est-à-dire que ce sont les consuls, sorte de conseil municipal médiéval, qui la gère. Vous allez voir, c’est important pour la suite.

Les léproseries de Cahors s’organisaient un peu comme une société ou même un monastère mixte. Il y avait un chef des lépreux qui rendait des comptes directement à son supérieur qui était soit l’évêché pour la LN soit les consuls pour la LS. Ce chef s’occupait de l’économat, les finances mais aussi du moral des malades. Les règles de vie relevaient presque du monachisme : chasteté, séparation en fonction du sexe sauf si les malades sont mariés, il existait même des mariages au sein de la léproserie. Les malades devaient respecter la propriété personnelle, ne pas se bagarrer sinon ils risquaient de se voir bannir de la léproserie pour une certaine durée. Tout le monde mange à la même table quelque soit son niveau social. Lorsqu’un malade est admis, après une sorte de candidature et l’accord de l’autorité (consul ou évêque), il rentre dans la léproserie en tant que frère ou sœur. Au Moyen-Âge, le seule remède à cette affliction est l’isolement, les seules personnes saines a être admises dans les locaux de la léproserie sont ceux du service médical.

Afin de subvenir à leurs besoins notamment alimentaires, les malades mendient dans la rue. Afin d’avertir les personnes saines de leur passage, ils avaient l’habitude d’actionner une clochette, ou une cliquette. Les passants en entendant ce son avaient tout le loisir de s’éloigner de ces personnes considérées comme maudites de par les symptômes de leur maladie. Cependant, à Cahors, comme dans certaines autres villes du Sud, les lépreux de Cahors n’avaient nul besoin de mendier pour manger à leur faim. En effet, de par des legs, les lépreux avaient certains revenus grâce à des droits sur des terres, et des moulins. Ils percevaient aussi des loyers sur des boutiques, des maisons et jardins. En somme, les lépreux à Cahors n’étaient pas pauvres du tout.

C’est peut-être à cause de cette richesse financière qu’une rumeur est née en 1321 dans le sud de la France et bien-sûr, Cahors n’y échappa pas. Le bruit courrait que les chefs des différentes léproseries s’étaient réunis un soir pour comploter contre les personnes saines de corps. Toujours selon la rumeur, ces « chefs » voulaient empoisonner les bien-portants et les tuer. Ces lépreux auraient eut le soutient de grands roi non-chrétiens, Sultan de Grenade, de Babylone, le roi de Tunis, mais aussi le soutien des juifs qui leur promettaient argent et soutien dans leur action funeste. Une fois les personnes saines mortes ou agonisant, les lépreux devaient selon la rumeur prendre le pouvoir dans les villes et sur les terres.

Avant même que les lépreux puissent mettre en action leur soi-disant plan machiavélique, on les arrêta et on les jugea. Ils furent brûlés sur la place publique. Les biens des lépreux furent confisqués et reversés à la ville. Dans le cas de la léproserie de Cahors, seuls les malades de la LS furent accusés du prétendu crime. Ceux de la LN ne furent pas inquiétés et protégés par l’évêché. Ainsi très peu de temps après la mort de tous les lépreux, les consuls (autorité de la LS) se démenèrent pour récupérer tous leurs biens et droits. La rapidité avec laquelle ces biens furent réclamés a été si suspecte de l’autorité royale a dépêché un fonctionnaire pour faire toute la lumière sur cette affaire. De ce fait, les consuls ne purent prendre possession des biens et droits des lépreux qu’après un an d’enquête et une fois ces derniers en leur possession, les consuls reversèrent la totalité de ces revenus à l’hôpital de la ville.

Pour ma part, je reste convaincue que c’est pas jalousie que les bien-portants ont accusé à tors les lépreux afin de récupérer l’argent qu’il ne méritaient pas selon eux, puisqu’ils étaient maudits par Dieu et ne pouvaient être sauvés, guéris.

Aujourd’hui en Europe, la lèpre à quasiment disparut. Il ne reste qu’un seul établissement qui reçoit les personnes atteintes de cette maladie depuis qu’en 1982, les médecin ont trouvé un remède a cette maladie qui ne fait pas que diminuer les symptômes et la douleur mais qui traite. Pour en savoir plus, je vous conseille de lire cet article de Courrier International : Espagne : la dernière léproserie d’Europe publié le 27 août 2007

Historiquement vôtre,

Lauriane.